Le juge anti-terroriste Fragnoli informe-t-il Maxime Gauin ? / PKK

Le journaliste Maxime Azadi* a publié hier sur le site de Mediapart un bien étrange document. Il s’agit de la copie d’un mail pour le moins choquant que M. Thierry Fragnoli, juge anti-terroriste au parquet de Paris, plus spécialement chargé de la répression du mouvement kurde, aurait adressé au fameux Maxime Gauin, bien connu des Arméniens de France (ce dernier est en effet l’un des intervenants les plus véhéments du site turquie-news.com, principal vecteur sur le Net du négationnisme du génocide arménien et de la propagande anti-kurde).

Ce mail est en fait la réexpédition d’un courriel que ce magistrat avait envoyé deux heures plus tôt à l’Ambassade de France en Turquie, et dans lequel il exprimait sa colère contre les attaques injustes d’Erdogan à l’égard du laxisme supposé de Paris vis-à-vis des séparatistes kurdes. Dans cette missive datée du 1er octobre 2012, le juge se flatte de l’ardeur anti-kurde de la France et, se prenant sans doute pour le Quai d’Orsay, invite ses interlocutrices, Isabelle Dumont et Christine Codol, respectivement deuxième conseiller et conseiller juridique à l’ambassade de France à Ankara, à réagir aux propos d’Erdogan. A cet effet, il leur rappelle « pour mémoire » que « la France est le seul pays à avoir autant interpellé, jugé, condamné et emprisonné de militants du PKK ».

Cette réexpédition « pour info », comme indiqué sur le mail, par un homme de loi supposé impartial, d’un courrier de ce type, à l’un des propagandistes les plus notoires d’Ankara sur la toile laisse pour le moins songeur. « A moins qu’il s’agisse d’un cas flagrant d’homonymie ou d’un faux retentissant -mais on ne voit pas pourquoi la première partie du texte est vraie et ne devrait pas l’être la seconde- » s’interroge Maxime Azadi.

En tout état de cause la question se pose donc de savoir si ce document est vrai, et dans cette hypothèse, s’il est avéré que ce juge « informe » Maxime Gauin, jusqu’à quelle hauteur et depuis combien de temps ? Questions d’autant plus lourdes de conséquences que cet individu collabore tout ce qu’il y a de plus officiellement avec l’International Strategic Research Organization (USAK-ISRO) basé à Ankara et dirigé par l’ancien ambassadeur turc Özdem Sanberk.

Cette affaire mérite pour le moins que le Parquet s’en saisisse, d’autant que, si l’on en croit ce document, il existe un certain niveau de proximité (usage du tutoiement) entre ce juge “anti-terroriste“ et cet individu égaré depuis des années dans le négationnisme du génocide arménien et le dénigrement des causes arménienne et kurde.

Il y a un an, un document controversé mais bien documenté attribué à la DCRI désignait sans le nommer Maxime Gauin comme un « honorable correspondant » des services français, ce qu’avait démenti l’intéressé qui a aussitôt accusé les « ultra-nationalistes arméniens » d’être à l’origine de ce « faux rapport ». La publication de ce mail sur le site de Mediapart ne manquera pas de relancer la polémique. Elle suscite pour le moins de nouvelles questions sur les motivations et le rôle de cet « étudiant agenais » qui en est venu à se poser comme une sorte de maître à penser de la stratégie de l’Etat turc, en particulier dans ses agissements contre ses minorités exterminées et opprimées.

Ara Toranian ( Lire l’article sur le lien plus bas.)

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